Ca se passe comme ça chez Decouflé |
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Taktik, juillet 1995Ca se passe comme ça chez Decouflé
Côté cour, côté danse, le Festival Marseille Méditerranée a parié sur Decouflé. Pari à tous les coups gagné : côté public, côté recettes. On y va en famille, des enfants aux grands-parents, « le festival vous informe que ce programme peut être regardé par toute la famille ». C'est comme une publicité pour Eurodisney ou encore, dans le même ordre d'idée que Mac Donald, « à consommer sur place ou à emporter ? »
Pour Décodex, c'était à consommer sur place, au château Borély car l'enfant gâté de la danse, (vous avez dit « danse » ?) a pensé la scénographie de sa dernière création en fonction du lieu. Ouf! Décodex ou une série de saynètes sans queue ni tête, le laboratoire d'idées du professeur Decouflé semble s'essouffler dans une surenchère de trucs faciles, clinquants. Il ne lésine pas sur les moyens, des costumes fabriqués par Philippe Guillotel et des décors imaginés par Jean Rabasse, c'est là la magie Decouflé. Les danseurs trop occupés à porter ces costumes en oublient de danser. Mais le chorégraphe avoue ne pas chercher à approfondir la gestuelle, il dit avoir suivi les différents courants de la danse contemporaine en touriste et s'en être lassé. On comprend mieux. Christophe Salengro, le comédien-danseur, est dans Décodex comme il est dans les autres pièces, grand au physique peu commun, sauf qu'ici le spectacle semble être construit autour de lui. Il est posé là et sa grande taille sert à des duos avec les plus petits. Principe éculé qui a aujourd'hui du mal à faire sourire. Il est le savant fou qui débite quelques définitions, prenons le mot microbe par exemple, qu'à cela ne tienne : des danseurs affublés d'antennes gesticulent sur scène. Autre mot, végéter, et c'est alors des danseurs transformés en plantes qui apparaissent. On a aussi droit à un petit topo sur le mal de mer, toujours dit par Salengro qui traverse la scène sur laquelle est dessinée, devinez quoi ? La mer, avec un personnage qui tangue. Decouflé a décidé de faire apparaître les coulisses sur scène, le décor est constitué de rideaux de théâtre. Vieux théâtre qui renvoie à l'imagerie du cirque ou encore des foires. Les rideaux s'ouvrent de temps en temps, un homme en habit gonflable est alors transformé en souris. Trois personnages jouent avec des bras à rallonge. Christophe Salengro, les pieds collés au plafond, tout en parlant, esquisse des gestes, repris par les autres, les pieds par terre sur la scène, sur le décor du théâtre ou encore du balcon du Château Borély. Lorsqu'on a fait le compte de la place accordée aux costumes, aux décors et à la succession des gags, il ne reste que très peu de place à la danse. Philippe Decouflé n'a vraisemblablement pas grand-chose à dire de ce côté là. Murielle Fourlon |