Taktik, décembre 1994

Incontournable Cunningham

Une référence, un mouvement, une école…

Merce Cunningham a aujourd’hui 75 ans et danse toujours dans ses créations.

Difficile de faire l’impasse !

Ancien soliste de la Compagnie Martha Graham, Merce Cunningham fonde sa compagnie en 1953 à New-York, puis ouvre sa propre école en 1959.

A partir de 1964, date de la première tournée mondiale  de la Merce Cunningham Dance Company (MCDC), le chorégraphe  connaîtra une reconnaissance internationale, salué aussi bien par le public que par la critique.

Dans les années 1970, aller à Wesbeth (studio de la compagnie) constituait un véritable pèlerinage pour les danseurs et les chorégraphes contemporains.

Admiré, idolâtré mais aussi rejeté par ceux qui considèrent aujourd’hui que son langage est devenu académique ; peu importe … les chorégraphes qui ont suivi les traces du maître le savent, ils travaillent sur un acquis cunninghamien.

Le chorégraphe a révolutionné l’espace scénique. Avec la complicité de John Cage, fidèle collaborateur jusqu’à sa mort en 1992, il a institué un nouveau rapport Danse/Musique. Celle-ci n’est plus un support mais une création à part entière.

C’est en 1952 au Black Moutain College qu’a lieu la rencontre. Merce Cunningham participe alors avec Robert Rauschenberg, David Tudor, MC Richards, Charles Olson au Theatre Piece de John Cage créant ainsi un nouveau mouvement théâtral : le Happening. John Cage devient le directeur musical de la MCDM, David Tudor, musicien de la compagnie lui succèdera en 1992.

Autre collaboration : celle de Robert Rauschenberg, peintre contemporain, l’artiste dessinera entre autres des décors et des costumes pour la compagnie.

Merce Cunningham travaillera également avec le film et la vidéo avec Charles Atlas puis Elliot Caplan créant alors l’Art du film – danse.

Cunningham s’inscrit véritablement dans son époque par ses rencontres et ses collaborations avec des grands artistes. Evoquer en quelques  mots la carrière du chorégraphe, c’est évoquer un morceau de l’histoire de l’art contemporain.

Célèbre et célébré 

Les honneurs et les prix qui lui ont été décernés ont fait de lui un mythe vivant. Cunningham n’entre pas dans le cliché de l’artiste maudit. Fait chevalier d’honneur en 1989 par François Mitterrand, il reçoit en 1990 la Médaille Nationale des mains de George Bush et en 1994, le maire de New-York déclarait le 16 avril, anniversaire de l’artiste : « Jour de Merce Cunningham ».

De passage à Marseille, l’artiste  n’échappera pas non plus à la course aux décorations puisqu’il devrait recevoir la médaille de la ville.

Les corps de ballet les plus prestigieux ne sont pas en reste. L’American Ballet Theatre du New-York City Ballet, le New Dance Ensemble à Mineapolis, le Ballet Cullberg de Suède ou encore le Palais Garnier à Paris lui ont fait une place de choix dans leurs répertoires.

L’Opéra de Paris lui a même offert de créer en 1992 sa dernière composition : Enter. Merce Cunningham est dans la région c’est l’occasion d’aller saluer un très grand artiste.

Murielle Fourlon