Les Ballets Preljocaj auraient-ils enfin trouvé un lieu où se poser ?

Angelin Preljocaj et sa compagnie semblaient il y a quelques temps vouloir faire un bout de chemin avec le TNDI de Châteauvallon. Cependant les élections municipales et la victoire Front national à Toulon vinrent mettre un terme à ce projet Le chorégraphe avait déclaré qu'en cas de victoire de l'extrême droite, il était hors de question qu'il reste à Châteauvallon. Les Ballets Preljocaj ne s'associeraient en aucune manière à une municipalité F.N.
Par cette attitude. Angelin Preljocaj prenait le risque, une fois encore, de repartir sur les routes sans point d'ancrage, élément essentiel pour le bon fonctionnement d'une compagnie. Mais c'était sans compter sur la volonté des collectivités locales et de l'Etat. Pour les institutions culturelles, il n'était pas question de laisser s'échapper de la région un chorégraphe de cette importance. Le Ballet Preljocaj resterait donc dans la région Sud-Est, mais quelle ville pouvait accueillir une équipe de 22 danseurs.
quelle infrastructure lui offrir ? On évoqua Marseille, mais très vite la rumeur s'estompa. Il semblerait qu'un chorégraphe implanté depuis longtemps dans la cité phocéenne ait refusé de partager la place. Il fut question alors d'Aix-en-provence. Mais comment cette ville pouvait- elle accueillir une telle compagnie ? Pas de lieu où travailler, pas d'espace où se produire ? Les artistes aixois qui depuis de nombreuses années réclamaient des infrastructures s’étaient jusqu'à présent heurtés à des refus sous prétexte de manque de moyens financiers et autres.
Cependant ce qui relevait de l'irréalisable jusqu'à maintenant est aujourd'hui possible.
Depuis le 1er janvier, Le Ballet Preljocaj est installé à Aix. La Cité du Livre accueille l'équipe administrative et Danse à Aix tient ses locaux de répétition à disposition des danseurs en attendant qu'on leur construise des studios de danse provisoires dans cette même Cité du Livre. La Ville, l'Etat, le Département et la Région ont tout mis en oeuvre pour garder le chorégraphe. Un bâtiment de 800 à 1000 m² devrait accueillir le Centre International de la Danse où s'installera la compagnie dans les prochaines années.

Avec et pour ?

Evidemment, tous les moyens mis en oeuvre ne vont pas sans soulever quelques questions. La ville d'Aix-en-provence a-t-elle réellement les moyens de financer une telle opération et surtout son budget culturel déjà fortement entamé par le festival d'art lyrique, pourra-t-il assumer cette implantation ? Celle-ci ne se fera-t-elle pas au détriment des acteurs culturels aixois qui depuis des années ont souvent été mis de côté ? « Absolument pas », répondent d'une seule voix la mairie et la DRAC, « bien au contraire, la venue du Ballet Preljocaj vu créer une dynamique autour de la danse. Preljocaj ne travaillera pas contre les artistes aixois mais en collaboration avec les savoir-faire existants. »
Pour sa part, Ginette Escoffier, directrice du festival Danse à Aix, ne semble pas s'inquiéter de cette venue. En collaborant avec le chorégraphe, Danse à Aix devrait pouvoir réaliser un projet que le festival porte depuis des années : inscrire une programmation de danse contemporaine tout au long de l'année. En attendant, le ballet Preljocaj ouvrira la saison du festival cet été.

Murielle Fourlon