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Maguy Marin : Deux en une Version imprimable Suggérer par mail

 Taktik, juillet 1995

Deux en une


Maguy Marin avait présenté Ram au festival de Cannes, Dam à la Biennale du Val-de-Marne à Fontenay-sous-Bois, elle réunissait les deux parties au Cloître des Carmes en Avignon pour un Ram Dam mené tambour battant.

 

Depuis Waterzooï les danseurs de la compagnie Marin travaillent l'univers sonore avec Denis Mariotte. Pour Cortex, la chorégraphe se penchait sur le langage, celui des mots simples, les quotidiens. Ici, c'est la réunion des deux avec des extraits de Comment c'est, texte de Samuel Beckett, auteur et univers que Maguy Marin affectionne particulièrement depuis sa pièce magistrale, May Be.
Ram, une première partie où les femmes sophistiquées dans leur robe style contrefaçon Chanel, donnant une fausse allure années 60 marchent d'un pas décidé avec des hommes en costume cravate. Pas de bande-son pour cette pièce mais une longue logorrhée, entrecoupée de statistiques lancées pêle-mêle sur le nombre des employés aux PTT dans la région parisienne ou encore sur l'activité sexuelle des hommes dans le monde. Les femmes s'envolent en portées, grands écarts ou tenues par un pied. Allusion à l'actualité à la sauce « Regard du Monde » ou « Gala », ces feuilles de choux qui retracent la vie des têtes couronnées, les potins mondains quoi !
La chorégraphie est ponctuée par des flashes lumineux agressifs.
Dam seconde partie, les danseuses ont laissé les robes en tweed pour des robes beaucoup plus anodines, les hommes sont en bras de chemise, ils s'envoient des « bonjour, merci, je peux ? », le tout accentué par des chiffres, la démographie : l'individu parmi les « millions » ou « milliards » ? Les danseurs dansent, les danseurs jouent avec des instruments hétéroclites, ils font tout et tout est très bien. Alors, une chorégraphie légère évoquant l'air du temps ?
Pas du tout, derrière ce discours apparemment futile, les idées fortes se frayent un chemin, quitte à, par moments, devenir un peu trop redondantes ... et quand bien même, Mme Marin nous embarque encore une fois, il n'y a pas naufrage.

Murielle Fourlon