Ouverture solennelle / Jean-Claude Galotta |
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Taktik, juillet 1995
Ouverture solennelle
Hommage à Pavel Haas et Prémonitions, les titres des deux pièces choisies pour ouvrir le trentième festival de Châteauvallon, signées Jean-Claude Galotta, résonnaient étrangement cette nuit du 1er juillet à quelques kilomètres de Toulon. Une programmation où le hasard a décidé de donner du sens à une manifestation qui n’en avait peut-être pas autant initialement.
Lorsque Jean-Claude Galotta prend le micro pour présenter son solo, Hommage à Pavel Haas, musicien tchèque mort à Auschwitz en 1944, la nuit vient de tomber sur l’amphithéâtre et on ne peut s’empêcher d’écouter ces mots avec une solennité certaine. Châteauvallon a choisi son camp et ce n’est pas celui de l’obscurantisme. Très bel hommage que celui du chorégraphe grenoblois, un solo de quinze minutes, loin du spectacle, qui donnait plus à penser qu’à voir. Pavel Haas, dont la musique avait été classée dans la rubrique dégénérées par les responsables de la culture nazis, après un passage dans le ghetto de Terezin, fut envoyé aux chambres à gaz d’Auschwitz. Jusqu’à sa mort, il travailla sa musique. Galotta s’est appuyé sur la musique de Pavel Haas, à travers le danseur, c’est le musicien qu’on imagine en train de créer. Petits mouvements, petites courses de l’artiste affairé à penser sa musique. Distrait au monde qui l’entoure, pourtant ses allers et venues tracés dans un espace limité, le barbelé posé sur la scène, la marche dans un rayon de lumière, les mots qui veulent sortir, les pensées qui fuient. La lumière s’éteint. Hommage sobre de 15 minutes qui contraste étrangement avec Prémonitions, la pièce qui suit. Treize danseurs pour une chorégraphie qui se voudrait païenne. Les danseurs semblent être sortis d’une bande dessinée de Loisel. Cris guerriers, courses trépidantes, histoire de couple, d’amour, de sensualité et pourtant les interprètes semblent être plus préoccupés à suivre une pièce réglée au millimètre qu’à la vivre vraiment. Il manquait ce soir-là de la magie à Prémonitions.
Murielle Fourlon |